8 Femmes Libanaises

8 talents francophones !

Nous avons pensé ce format à l'occasion du Mois de la Francophonie, en mars, et de la Journée Internationale du Droit des Femmes le 8. 

Découvrez l'art du Liban au féminin à travers 8 figures inspirantes.

Les illustrations sont réalisées par Sarah Anthony et les textes rédigés par Juliette Elamine.



Andrée Chedid est née au Caire en 1920. Ses parents sont d’origine libanaise pour son père et syrienne pour sa mère.

Figure de la littérature franco-libanaise et de la francophonie, elle est à la fois poétesse, romancière et dramaturge. Elle s’installe à Paris en 1946 et publie le premier d’une longue série de recueils de poèmes et de nouvelles, mais aussi de pièces de théâtre, de romans, d’essais et de récits en littérature jeunesse.

Ses textes sont teintés de ses doubles racines orientales, elle en valorise les richesses, l’histoire et sa plume est empreinte d’humanité et de vie. Certains de ses écrits interrogent la condition féminine. Andrée Chedid a été récompensée de nombreux prix littéraires.

Elle s’éteint à Paris en 2011 et est enterrée au cimetière du Montparnasse.


“ En ce monde

Où la vie

S’émiette

Et nous fuit

Le poète

Enlace le mystère

Invente le poème

Ses pouvoirs de partage

Sa lueur sous les replis “


Epreuves du poète, Andrée Chedid

 

Nadine Labaki est réalisatrice, scénariste et actrice.

Âgée de 50 ans, elle est une figure culturelle libanaise reconnue dans le domaine de l’audiovisuel, à travers le monde.

Elle est diplomée de l'Institut des Études Scénographiques Audiovisuelles et Cinématographiques Beyrouth. En 1997 son premier court métrage " 11 rue Pasteur " est récompensé du prix du meilleur court métrage à la Biennale du cinéma arabe de l’Institut du monde arabe de Paris.

Nadine Labaki a d'abord réalisé des clips musicaux et notamment pour la célèbre Nancy Ajram.

C'est seulement dix ans après, en 2007, que la réalisatrice connaît la gloire avec le délicieux long métrage " Caramel ", dans lequel elle tient le rôle de Layale, et qui rencontre un succès international avec des projections dans plus de 65 pays.

Nadine Labaki est faite chevalier des Arts et des Lettres par la France en juillet 2008.

La réalisatrice chérit et honore la femme et les valeurs de sororité et solidarité féminine à travers ses films. En 2011, elle réalise "Et maintenant on va où?" qui rencontre aussi un franc succès.

Elle s’inspire également de l’histoire de son pays dans ses œuvres et Capharnaüm (2018) est un autre exemple particulièrement poignant de ses œuvres.

 

Etel Adnan est une femme Libanaise fascinante.

Née en 1925 à Beyrouth d’une mère grecque et d’un père syrien, elle évolue au milieu de ses deux langues mêlées et de l’arabe parlé au Liban. A l’école, elle apprend très tôt le français et l’anglais qui deviendront les langues de ses écrits.

Etel Adnan a étudié la philosophie à la Sorbonne à Paris, avant de quitter la France pour les Etats-Unis, où elle étudie à Berkeley et Harvard.

Poétesse, romancière, philosophe et essayiste, Etel Adnan est une figure artistique incontournable de la scène libanaise et une icône de sa culture.

La peinture, autre corde précieuse à son arc, est le premier moyen d’expression qui permet à Etel Adnan de contourner les difficultés et conflits qu’elle ressent en lien avec son plurilinguisme et ses multiples cultures. Elle se verra comme une peintre arabe avant d’être une écrivaine de deux autres langues.

Etel Adnan était une passionnée de voyages. Elle s’émerveillait des beautés du monde et était curieuse de l’humain.

Ses messages, que l’on retrouve à travers son art, étaient ceux du rêve et de la philosophie.

Son œuvre, longtemps restée confidentielle, est internationalement reconnue depuis 2012 grâce à sa présentation à la Documenta de Kassel, une exposition.

Sa dernière publication est le recueil Nuit, paru aux éditions de l’Attente en 2017.

Etel Adnan s’éteint à Paris en 2021.

 

Andrée Maalouf est née en 1950 à Beyrouth et est arrivée en France en 1976 avec sa famille, durant la guerre civile libanaise.

Passionnée de cuisine depuis toujours, elle rend hommage à la gastronomie libanaise, en cherchant toujours le juste équilibre entre respect des traditions culinaires : une cuisine savoureuse, généreuse et conviviale, et les exigences de la cuisine actuelle : des produits de qualité et le goût avant tout.

Son amour pour les saveurs libanaises remonte à son enfance. Elle se souvient des pâtisseries et gourmandises que son grand-père maternel vendait à Bab-Idriss, un quartier de Beyrouth. Dans la maison familiale de Bsous, tout était fait maison. L'enfance de sa mère et celle d'Andrée Maalouf après elle ont été imbibées des parfums et goûts du Liban.

En 2007, Andrée Maalouf s'associe au le chef Karim Haïdar, cuisinier et créateur de l'Académie de Cuisine du Monde Arabe. Ensemble, ils honorent le patrimoine gastronomique libanais à travers un premier livre gourmand intitulé "Cuisine libanaise d’hier et d’aujourd’hui", puis plus récemment "La cuisine libanaise : de Beyrouth à Paris". Ces livres renferment les secrets des recettes libanaises les plus appréciées.

Dans la préface d’un livre, on découvre cette phrase : "La cuisine est ce qui reste de la culture d'origine quand on a tout oublié. " Très symbolique pour Andrée Maalouf, elle signifie avant tout que la cuisine libanaise pourrait être ce qui réunit aujourd'hui tous les Libanais d'ici et d'ailleurs.

 

Nadia Tuéni est une auteure libanaise francophone.

Née à Baakline au Liban en 1935, Nadia Tuéni a une mère française et un père libanais. Elle a grandi dans la montagne libanaise du Chouf.

Très tôt, elle tombe sous le charme de la beauté des paysages méditerranéens et cet environnement est une source d'inspiration. Plus généralement, l’œuvre poétique de Nadia Tuéni évolue au fil de son regard sur le pays du cèdre. Ses réflexions s'orientent autour des liens entre paysage et identité. Son recueil " Poèmes pour une histoire " en est une illustration.

Nadia Tuéni a d'abord étudié le droit à l'université Saint-Joseph à Beyrouth, se destinant à devenir avocate, mais a interrompu son cursus pour se marier.

Elle est l'auteure d'un grand nombre de recueils poétiques dont le premier " Les Textes blonds " est paru en 1963 à Beyrouth. Elle y écrit le drame de la perte de sa petite fille de 7 ans, ce qui la conduira vers la création artistique et littéraire.

Elle reçoit un Prix de l'Académie française en 1973.

Nadia Tuéni s'éteint au Liban, des suites d'un cancer en 1983.

Extrait de son poème dans le recueil " Liban : vingt poèmes pour un amour ".

 

Lamia Ziadé est une artiste libanaise, née en août 1968 au Liban.

Elle est âgée de sept ans quand la guerre civile éclate. Sa famille et elle restent au pays malgré les combats. Après avoir obtenu son baccalauréat, à dix-huit ans, la jeune femme rejoint la France. Elle étudie les arts graphiques à l'école supérieure Penninghen de Paris.

Sa carrière artistique démarre fort et Lamia Ziadé travaille pour le prestigieux créateur Jean-Paul Gaultier. Artiste multi-casquettes, elle poursuit un chemin indépendant dans les milieux de la mode, mais aussi de la publicité, du cinéma, de la presse, ou encore dans l’illustration de livres pour enfants.

C'est son partenariat avec Vincent Ravalec, écrivain avec qui elle publie en 2001 un livre érotique, qui ouvre davantage ses horizons artistiques. Lamia Ziadé se tourne vers l'art contemporain et crée des tableaux érotiques composés de matières ou tissus.

En 2006, profondément marquée par le conflit israélo-libanais, elle se lance dans l'écriture de "Bye bye Babylone : Beyrouth 1975-1979 ", un roman en textes et en images, sur son enfance et sur la guerre civile.

Elle publie plusieurs ouvrages et en 2020, après les explosions du port de Beyrouth, Lamia Ziadé rédige le carnet intime de cette catastrophe et publie "Mon port de Beyrouth". Dans ce livre, elle rend hommage à « celles et ceux dont on ne doit pas oublier les visages souriants » à travers ses illustrations touchantes.

 

Zeina Abirached est née à Beyrouth en 1981, elle est dessinatrice de bande dessinée et illustratrice. 

Elle a suivi des études de graphisme à l'Académie Libanaise des Beaux-Arts au Liban puis à l’Ecole Nationale des Arts Décoratifs de Paris. Elle a passé son enfance dans une maison située dans la zone de démarcation séparant Beyrouth Ouest et Beyrouth Est durant la guerre civile. Pour la protéger de l'horreur, sa mère lui raconte chaque jour une histoire. 

La première publication de Zeina Abirached s'appelle " 2006 : [Beyrouth] Catharsis ". 

En 2008, elle évoque son passé dans "Je me souviens : Beyrouth ". 

En 2012, elle réalise un petit film d'animation appelé " Mouton ". 

Elle publie plusieurs ouvrages jusqu'en 2015 où elle rencontre un immense succès avec " Le Piano oriental " qui reçoit le Prix Phénix de littérature. En 2018, elle reçoit les insignes de Chevaliers des Arts et des Lettres. 

En 2023, à l'occasion du centième anniversaire du texte " Le Prophète ", écrit par Khalil Gibran, Zeina Abirached le transforme en BD. Elle qualifie ce texte de "patrimoine pour les Libanais". Une édition collector poche, préfacée par la poétesse Rupi Kaur, a été publiée en même temps. Zeina Abirached illustre plusieurs romans, des couvertures de livres, des pochettes de disques ou réalise des affiches pour des festivals.

 

Yara Lapidus est née en 1972 à Beyrouth, elle est une artiste réputée dans la mode mais aussi en tant qu'auteure, compositrice et interprète.

Diplômée de l'École supérieure des arts et techniques de la mode de Paris, elle commence sa carrière comme styliste et modéliste.

Elle a travaillé pour de grandes maisons telles que Balmain ou Olivier Lapidus, qui deviendra plus tard son époux et le père de ses deux filles, et a même créé sa propre ligne de vêtements.

Yara Lapidus se passionne secrètement pour les mots, à travers la musique et la chanson. Elle écrit des poèmes et récits courts depuis sa jeunesse et a suivi des cours de théâtre à Beyrouth et à Paris, au Cours Florent.

C'est en 2010, à, la suite d'une opération la privant de l'usage de sa main gauche, que Yara Lapidus renonce à sa première vie dans la mode et se tourne vers son deuxième amour, la chanson.

En 2020, à l'initiative de Sarah Briand qui invite 35 personnalités à honorer le Liban d'un texte personnel, Yara Lapidus est sollicitée.

Son texte s'intitule “Ya Mama”. Hommage à la capitale libanaise, à genoux suite aux explosions du port, il deviendra une des chansons de son album suivant.

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